Le monde à l'endroit - Ron rash

Quatrième de couverture :

Travis Shelton, 17 ans, découvre un champ de cannabis, en allant pêcher la truite au pied de Divide Mountain, dans les Appalaches. C'est un jeu d'enfant d'embarquer quelques plants sur son pick-up. Trois récoltes scélérates plus tard, Travis est surpris par le propriétaire, Toomey, qui lui sectionne le tendon d'Achille, histoire de lui donner une leçon.

Mais ce ne sera pas la seule de cet été-là : en conflit ouvert avec son père, cultivateur de tabac intransigeant, Travis trouve refuge dans le mobile home de Leonard, un prof déchu devenu dealer. L'occasion pour lui de découvrir les lourds secets qui pèsent sur la communauté de Shelton Laurel depuis un massacre perpétré pendant la guerre de Sécession. Confronté aux ombres troubles du passé, Travis devra également affronter les épreuves du présent.

Le père, Toomey, Leonard, trois figures qui incarnent chacune une forme d'autorité masculine, vont tragiquement façonner son passage à l'âge d'homme.

Mon avis :

« Le monde à l’endroit » est un beau roman initiatique, dont la force réside à la fois dans les personnages et le décor.

La nature, fortement présente tout au long du livre, est pour moi l’élément féminin de ce roman. Le reste n’est qu’univers masculin, rapport de force et apprentissage de la vie.

L’histoire racontée est pleine de dureté. Mais elle est adoucie par les liens qui se tissent entre Travis et Leonard. Leonard, homme en perdition et à la recherche du pardon, s’accroche autant à Travis que Travis s’accroche à lui.

L’adolescent est sans repère, sans père réellement présent, sauf pour le rabaisser. Il sait qu’il a besoin de quelque chose de plus pour grandir, pour se créer sa vie. L’agression dont il a été victime suite à ses vols a été le déclencheur d’une émancipation qu’il n’avait pas envisagée jusqu’à présent. Elle s’offre à lui au détour d’une rencontre.

C’est Leonard qui va lui offrir cette chance au travers des livres, de la connaissance, de l’Histoire. Travis va pour la première fois envisager une vie qui ne ressemblera pas à celle de son père.

Au fil des pages, on comprend que l’avidité d’apprendre de l’adolescent est une question de survie.  Le monde brutal et rustre qui l’entoure ne lui correspond en rien. La nature est ici assez hostile, rude, froide, à l’instar de ses habitants. Les Toomey, ces molosses à l’intelligence rustique et brutale, vont être le dernier rempart contre la vie meilleure à laquelle aspirent Leonard et Travis.

La fin est dramatique, mais elle marque pour moi l'achèvement de l’apprentissage de Travis, son passage à l’âge adulte. Il ne pouvait en être autrement…

Je n’avais encore jamais lu de livre de Ron Rash, et cela a été une belle découverte. J’aurai plaisir à découvrir ses autres romans.

Editions Seuil - 281 pages